Les articles doubles, c'est sympa finalement. Après avoir fait plutôt dans la douceur dans le précédent sur Les secrets de Léa et Un drôle de père chez Akata, on injecte un peu de testostérone dans le blog avec deux séries plus physiques, plus masculines - deux séries de bonhommes quoi - avec le retour tant attendu de Vinland Saga et la suite d'Ippo, dont je vous parlais il y a peu de temps.
On commence donc par notre champion du Japon remettant sa ceinture en jeu. Une fois encore, ma lecture de ce tome 7 de la saison 3 se fait alors que le volume 8 est déjà sorti... Le rythme mensuel est dur à suivre ! (mais c'est une bonne chose, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit). Dans ce 53ème volume de la série, la préparation au combat de défense de notre héros bat son plein, entre sparring avec Wolf et idée de parade contre les contres foudroyants de son futur adversaire. Un entrainement âpre, aux objectifs risqués pour la santé d'Ippo mais apparemment indispensable pour espérer la victoire... George Morikawa a décidé de faire du challenger un parfait salop, un être totalement détestable et dont le passé dur n'excuse en rien son comportement actuel. Le contraste entre la droiture d'Ippo et le caractère anti-sportif de Sawamura saute aux yeux et la seule envie qui submerge le lecteur faisant fébrilement tourner les pages est de voir le champion poids plume du Japon fracasser la tête de son adversaire... Côté édition, Kurokawa fait toujours un sans-faute, avec en plus un sympathique bonus pour ce 53ème tome : des pages couleurs ! Il s'agit des premières de la série, lançant parfaitement le combat qui nous fera vibrer pour quelques dizaines (centaines) de pages. Bref, un sans faute pour Ippo, encore et toujours LE shonen sportif du moment !
On quitte les rings de boxe pour d'autres horizons et une autre époque mais où la sueur et le sang sont aussi à l'honneur : les terres nordiques de Vinland Saga. Avec ce genre de titres ayant un rythme de parution assez long au Japon, l'attente est souvent du type longue-durée et cette fois, c'est 14 mois qui ont séparé ce tome 11 de son prédécesseur. Depuis le 8ème volume et son coup de théâtre (l'un de ces évènements qui marquent pour de longues années de lecture), l'atmosphère de Vinland Saga a changé et son auteur, Makoto Yukimura (à qui l'on doit notamment Planètes, chez Panini), pose progressivement les pièces de son puzzle, construisant au fur et à mesure les évènements à venir. Si l'on pouvait encore douter de cette cohérence et de ce retour sur le devant de la scène de la violence et des combats de toute la première partie (nommée par l'auteur "prologue"), ce volume 11 efface ces doutes et nous donne l'impression d'assister à une partie d'échecs grandeur nature, où chaque pièce est déplacée dans un but précis. Entre le roi Knut, hanté par son défunt père et dont le caractère est à mille lieues de ce qu'il était lorsque nous l'avons rencontré, le vieux Leif, toujours à la recherche de Thorfinn, le fermier Ketil et sa famille, l'esclave mystère dont le rôle à venir est encore flou et bien entendu Thorfinn, dont le destin semble être en marche : Yukimura passe la vitesse supérieure et le tome 12, sorti au Japon en novembre, devrait nous le confirmer. Pour les japonais, le temps d'attente entre le tome 11 et 12 a été de 10 mois. Espérons que cela soit moins pour nous...
Avec un catalogue assez hétéroclite et restreint (69 nouveautés en 2012), Kurokawa n'inonde pas le marché de titres sans saveurs et réussit surtout à nous sortir quelques perles, comme Les vacances de Jésus et Bouddha ou Yotsuba. Tout comme ces deux séries, Vinland Saga et Ippo se placent au sommet de leur genre respectif, le seinen sombre et adulte pour le premier et le shonen sportif pour le second. Un point commun qui contraste avec leur principale différence : le rythme de publication. Avec au mieux 2 tomes l'an, Vinland Saga fait partie de ces séries qui se font attendre, mais dont on dévore chaque nouveau volume de manière avide. Pour Ippo, le rythme mensuel nous promet 12 volumes par an, et donc une dose régulière d'uppercut et autres Dempsey Roll. Et pourtant, pour l'un comme pour l'autre, le plaisir de lecture est toujours au rendez-vous. Deux indispensables du moment, qu'il serait bête de snober.